(les 66 derniers jours du peintre : de son arrivée à Auvers/oise (22 mai 1890) à sa mort (27 juillet) : boulimie de travail : 70 tableaux, 33 dessins )
Certaines choses
Nous entourent « et les voir
Equivaut à se connaître »
George Oppen
"Mais rien de cette nature n'est définitivement acquis. Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous
prête ses couleurs. Puis se retire, et vous replace devant ce vide qu'on porte en soi, devant cette espèce d'insuffisance centrale de l'âme qu'il faut bien apprendre à côtoyer, à combattre, et
qui, paradoxalement est peut-être notre moteur le plus sûr." Nicolas Bouvier
« La poésie vient vers nous, on ne sait d’où, et elle nous quitte, allant vers on ne sait quel au-delà. Mais en passant, elle nous laisse des mots et elle nous fait des signes dont l’interprétation est inépuisable. » Gabriel Bounoure
" Avec tes défauts. Pas de hâte. Ne va
pas à la légère les corriger. Qu'irais tu mettre à la place ? " Henri Michaux
"Savoir que nous ignorons tant de choses suffit à mon bonheur." George Oppen
(les 66 derniers jours du peintre : de son arrivée à Auvers/oise (22 mai 1890) à sa mort (27 juillet) : boulimie de travail : 70 tableaux, 33 dessins )
"J'aime le cinéma poétique."
Jonathan Glazer
Le trop rare Jonathan Glazer (10 ans après "birth") nous offre un beau film somptueux, atypique et ambitieux : une extraterrestre "déguisée" en belle humaine sillonne au volant de son van les routes écossaises à la recherche d'auto-stoppeurs mâles solitaires qu'elle kidnappe aisément, leur corps est ensuite "happé" par une mystérieuse boue noire, on n'en saura guère plus. On comprend qu'une organisation "étrangère alien" existe, dans le film symbolisée par un motard (alors que dans le livre, une vraie structure "fermière" existe et comprend bon nombre d'autres extraterrestres).
Les paysages écossais sont filmés superbement et Scarlett Johansson, la seule actrice, parfaite en brune s'étonnant de tout et essayant sans cesse de s'adapter au monde terrien ; les autres personnages ne sont pas des acteurs professionnels. Le cinéaste donne une distance singulière entre l'étrangère et les terriens. Peu à peu cette créature des étoiles tentera - en vain - de se rapprocher des souffrances ou des extases du monde d'ici. Et sera malheureuse de cette "inadaptation". Une vraie étrangère incomprise, inadaptée (le corps nu est ici totalement asexualisé), perplexe et triste.
Jonathan Glazer dit simplement qu'il avait "l'idée d'une extraterrestre sur terre."
Le film est magnifique du début à la fin et est étonnament très économe d'effets spéciaux, vu le contexte.
Le livre, lui, est beaucoup plus explicite et paradoxalement encore plus terrifiant car on comprend ce que deviennent les jeunes hommes kidnappés (et c'est très différent du film). Et leur sort est tragiquement cauchemardesque... Le livre a aussi un autre intérêt : la critique de notre société, quasi un aspect "écologique" et l'une des élites des étoiles a une vision très claire de la souffrance des hommes de la planète terre (nommés "vodsels" : lorsque les extraterrestres parlent d'humains : ils parlent d'eux-mêmes, créatures à quatre pattes et à fourrure) ; je n'en dis pas plus.
La musique de la jeune Mica Levi est splendide et participe à ce voyage surréaliste filmé et TRES inquiétant. Exercise de style certes que beaucoup de spectateurs n'a pas aimé ; moi je suis sorti - tout comme avec le livre - un peu scotché, très étonné et curieux, avec le sentiment d'avoir passé "un très bon moment de cinéma"
Livre et film : 2 réussites partant d'un même point, mais avec un interprétation fort différente... Le film est romantique, le livre plus pragmatique et horrible.
Ben ,
Un jour je vous vis et tombai amoureux de votre sourire
Et puis je regardai les films de notre ami commun John Cassavetes, et l’autre rigolo à vos côtés le Peter Falk, bref un trio d’amitié profonde dans lequel j’aurais souhaité faire le quatrième
Je me souviens d’une partie de basket qui dure une plombe dans Husbands
En ces temps-là on savait filmer, on savait prendre son temps, qui filmerait ainsi aujourd’hui !?
Et puis dans ce film de Bogdanovich
Où vous suiviez une femme
Là encore vous aviez un sourire plein de charme, celle que son mari faisait suivre finalement tomba amoureux de celui censé la surveiller
Vous aimiez les femmes et là aussi un de vos plus beaux rôles fut dans meurtre d’un bookmaker chinois, vous étiez à l’aise parmi toutes ces belles femmes de votre cabaret
Vous aviez l’élégance des grands
Le plus sourire de tout le cinéma américain et vous fûtes fidèle à vos amis pour préférer le cinéma indépendant aux grosses sirènes d’Hollywood
Aujourd’hui je pleure votre mort
Vous étiez le dernier du trio, vous sembliez éternel
Même ces derniers temps malgré la maladie, vous possédiez encore ce sourire majestueux
Cher ami
J’espère bientôt vous retrouver
Et avec Peter et John on refera une partie de basket
Parce qu’à quatre c’est plus équilibré
Je pleure votre sourire et je vais essayer de l’imiter au mieux
Tchao mon ami
François Truffaut est bien sûr un quasi double de « Bertrand Morane », le personnage principal du film « L’homme qui aimait les femmes » c’est encore une fois - comme souvent chez lui - une autobiographie romancée. L’autre titre aurait été « le cavaleur », mais l’agent littéraire (Brigitte Fossey) lui fait changer et elle a raison ; car, certes Charles Denner passe son temps à cavaler (cela va même lui causer sa mort), mais ce n’est pas un « dragueur », c’est autre chose…
Et si Charles Denner écrit son « roman », Truffaut, lui, filme. Mais ils sont identiques.
Le film de Truffaut date de 1977 et certaines choses font sourire maintenant (quoique…), mais l’extrême implication de Denner dans sa quête de femme n’a pas d’âge. Comme souvent chez Truffaut, il y a un point de départ, toujours le même : l’enfance ; et les parties de cache-cache des enfants (avec Ginette) dans le noir sont les prémisses des grands désirs de Truffaut pour plus tard, c'est-à-dire « la compagnie des femmes ». (rem : le jeune acteur qui joue Denner jeune est étonnant de ressemblance et a une bouille rigolote)…
tout ce qui est en bleu et italique est tiré du film...
« La compagnie des femmes m’était indispensable, sinon leur compagnie, du moins leur vision. Rien n’est plus beau que voir une femme en train de marcher. »
Mais qu’est-ce qu’elles ont ces femmes ? Qu’est-ce qu’elles ont de plus que toutes celles que je connais ? Et bien justement ce qu’elles ont de plus, c’est qu’elles sont des inconnues…
Mais qui sont toutes ces femmes ? Où vont-elles ? A quel rendez-vous ? Si leur cœur est libre, alors leur corps est à prendre, il me semble que je n’ai pas le droit de laisser passer la chance…
Elles veulent l’amour, tout le monde veut l’amour, toutes sortes d’amour, l’amour physique et l’amour sentimental ou même simplement la tendresse désintéressée…
« Pour moi, rien n'est plus agréable à regarder qu'une femme, pourvu qu'elle soit habillée d'une robe ou d'une jupe qui bouge au rythme de sa marche »
« L’homme qui aimait les femmes » se laisse encore regarder avec beaucoup d’intérêt et de tendresse, même 34 ans plus tard. On y voit aussi une Nathalie Baye très jeune qui débutait. Leslie Caron, aussi, touchante d’authenticité. Charles Denner est surprenant avec son jeu désinvolte et sa voix ferme et sûre (formidable acteur). L’érotisme du film passe par les jambes des femmes (et encore que sous les genoux) (il y a sans doute là aussi un fétichisme de la part de Truffaut : dans « Vivement dimanche » il filme de la même manière et avec autant de sensualité et d’érotisme, les jambes de Fanny Ardant), l’affiche est parlante, mais c’est tout, la sensualité s’arrête là. Le "mystère féminin" demeurera.
Enfin les blessures apparaissent et c’est tout l’art de Truffaut, si le simple personnage de Morane peut énerver par sa puissance génésique et ses obsessions (ce qui à l’époque irrita certaines associations féministes), une scène vers la fin (Vera) prouve que lui aussi peut souffrir, mais cela est juste esquissé et on n’en saura guère plus de cette histoire d’amour-là.
Le film reste un enchantement et un beau panégyrique de "l’éternel féminin" de Goethe. Truffaut, mort trop jeune, nous laisse des films d’exception. (je suis sûr cependant que ce film plaira davantage aux messieurs qu’aux dames, allez savoir pourquoi ?). :-)
Roy Batty, le célèbre réplicant (ou androïde), déclame ses émotions humaines, juste avant sa mort.
Bref les androïdes rêvent aussi de poésie...
"J'ai vu tant de choses que, vous humains, ne pourriez pas croire. J'ai vu de grands navires en feu surgissant de l'épaule d'Orion. J'ai vu des rayons fabuleux, des rayons C, briller dans l'ombre de la porte de Tannhauser. Tous ces moments se perdront dans l'oubli comme les larmes dans la pluie. Il est temps de mourir."
(I've seen things you people wouldn't believe. Attack ships on fire off the shoulder of Orion. I watched C-beams glitter in the dark near the Tannhauser gate. All those moments will be lost in time, like tears in rain. Time to die.)
Derniers mots de Roy Batty à la fin du film
Blade Runner, réalisé pr Ridley Scott en 1982 et
tiré d'un livre de Philip K. Dick "Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?"
Le livre (moins réussi que beaucoup d'autres) de K. Dick est très différent du film noir et futuriste de Scott, mais comme j'ai pu le lire quelque part, ils sont complémentaires.
Certains ont vu dans la pluie continuelle et le climat de désolation et de pollution, la souffrance de Ridley Scott qui venait de perdre son frère.
Toujours est-il que ce film de 1982 est le dernier film de science-fiction analogique, sans aucun effet spécial numérique, le tournage a été une galère, Ridley Scott, dépensant beaucoup de pellicules, beaucoup plus que les plus pessimistes prévisions. Il manqua se faire virer à la fin, les producteurs ne comprenaient pas certaines scènes.
Au final : un film majestueux, un décor inouï, d'une invention stupéfiante, bref un chef d'oeuvre du 7ième art.